Nous vous avions récemment alerté sur les risques qui pèsent sur le Service Civique. Malheureusement, ces craintes se confirment : le PLF 2026 prévoit une nouvelle baisse des crédits du programme 163 “Jeunesse et vie associative”, passant de 848 à 626 millions d’euros, soit une diminution de 26 %.
Dans ce cadre, le budget du Service Civique serait ramené à 465 millions d’euros, contre 580 millions l’année précédente. Cela se traduirait par 40 000 missions en moins, soit 110 000 volontaires seulement, contre 150 000 l’année précédente. Ce serait la troisième coupe consécutive, un recul sans précédent pour un dispositif unanimement reconnu pour son impact positif sur la jeunesse, les associations et la société tout entière.
Un dispositif vital pour les jeunes et la société
Le Service Civique n’est pas un programme accessoire : c’est un outil de reconstruction et d’émancipation dans un contexte où la santé mentale des jeunes a été déclarée Grande Cause nationale 2025.
Il permet à des milliers de jeunes de retrouver confiance, d’agir, de se sentir utiles et de s’inscrire dans une dynamique collective.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
• Plus de 875 000 jeunes engagés depuis sa création
• 87 % de satisfaction
• 3 jeunes sur 4 en emploi ou en formation un an après leur mission
• 56 % poursuivent un engagement bénévole
• 30 % viennent de territoires ruraux et 15 % de quartiers prioritaires
Chaque mission est une réponse concrète à l’isolement, à la perte de repères et à la fragilisation économique et psychologique d’une génération. Réduire son champ d’action, c’est rompre un lien essentiel entre la jeunesse et la République.
Un affaiblissement du tissu associatif et du service au public
Derrière chaque mission de Service Civique, il y a une action d’intérêt général au service des citoyens : accompagnement scolaire, inclusion numérique, sensibilisation à l’environnement, solidarité intergénérationnelle, animation culturelle, sport pour tous.
Affaiblir le dispositif, c’est donc affaiblir les services de proximité que les associations assurent, souvent là où l’État n’est plus présent. C’est aussi mettre en difficulté un tissu associatif déjà sous tension, alors même qu’il constitue un maillage vital pour la cohésion sociale et la vie démocratique de nos territoires.
Conscients du contexte budgétaire, nous ne plaidons pas pour le statu quo, mais pour un effort justement réparti et tourné vers l’avenir. Nous vous demandons :
1. Le maintien d’au moins 135 000 missions, soit un budget d’environ 530 millions d’euros. Ce seuil constitue un strict minimum, car le dispositif accueillait il y a un an encore 150 000 volontaires. Après plusieurs baisses successives, toute réduction supplémentaire compromettrait la continuité et la crédibilité d’un programme construit depuis 15 ans d’efforts par l’État et le secteur associatif.
2. Une répartition plus équitable des ajustements budgétaires. La Ligue de l’enseignement figure parmi les grands agréments nationaux, mais elle accompagne plus de 2 200 petites structures associatives sur tout le territoire. Nous pénaliser, c’est les pénaliser. Nous ne pouvons plus absorber de nouvelle coupe sans mettre en péril cet écosystème.
3. Des perspectives stables et transparentes pour les organismes d’accueil, permettant de planifier durablement leurs actions et de garantir la qualité de l’accompagnement des jeunes.
La rigueur budgétaire ne peut se faire au détriment de celles et ceux qui tiennent le pays debout. Un budget qui investit dans la jeunesse, c’est un budget qui investit dans la santé mentale, l’engagement citoyen et la cohésion sociale, les piliers mêmes de notre avenir commun.
Par ailleurs, et au-delà du combat sur le Service Civique, nous vous sollicitons pour être attentif à tous les éléments budgétaires qui ont des conséquences sur le monde associatif. Celui-ci doit être préservé car il sert l’intérêt général, lutte contre les inégalités, participe à une économie sociale et solidaire, et permet la cohésion de notre société.
Nous restons à votre disposition pour échanger sur ces enjeux et pour partager des témoignages de terrain illustrant l’impact du Service Civique dans vos territoires.
Veuillez croire, Madame la Députée, Monsieur le Député, à l’assurance de notre haute considération.